Il est toujours 6 :08 ici.
Notre sang coule à jamais, ici.
Un an plus tard, c’ est toujours l’ été ici.
L’infâme été,
L’été des nuages terribles,
L’été du rose et des cris.
On descend aux enfers ici.
Mon pays meurt asphyxié par les cendres ici.
Mon pays revit étouffé par les cendres ici.
On descend,
On erre parmi ce corps démantelé,
Ce corps dépourvu de toutes ses extrémités.
Et on descend.
Toujours ce long regard froid,
Toujours ce regard si silencieux, si assourdissant,
Ce regard écoeuré qui hurle dans le néant.
Tout le monde le regarde,
Tout le monde le déchiffre.
Le 4 août est une plaie qui ne se soigne pas.
On est témoins d’un crime qui ne s’arrête pas.
On est victimes de criminels qu’on ne condamne pas.
le Liban se noie.
Le Liban sombre dans un sommeil éternel.
Le Liban, empoisonné par une corruption cruelle,
Une corruption qui dessèche les racines de nos cèdres.
Le soleil se couche et semble disparaitre
Il ne reste qu’un vague halo d’espoir à l’horizon,
Un halo étranglé par une nuée de détresse.
Il ne reste plus rien ici.
Il est encore 6 :08 ici.