On monte, on quitte, on respire, pour de vrai.
On respire l’air frais.
De l’air qui semble fuir cette turpitude infernale.
De l’air qui échappe cette corruption coloniale.
On monte et on respire pour de vrai.
Pourtant, avec chaque souffle, notre sang se fige.
Notre sang se refroidit, se glace.
Ces crimes mortels s’enracinent dans nos ruelles.
Tout s’efface, et s’implante une infamie perpétuelle.
Cette abjection qui fait de nous des hypocrites, des lâches.
Des monstres propriétaires d’un paradis temporaire.
Et voilà on quitte.
On descend aux enfers.
Au pays enterré d’un amas de cendre infini.
Un pays qui revit et sombre de nouveau, asphyxié, paralysé.
On descend.
On frôle le cadavre d’un port désemparé.
Ce corps démantelé, dépourvu de toutes ses extrémités.
On descend.
Toujours se longs regards froids.
Ses regards si silencieux pleins de désarroi.
Ce regard écœuré,
ce regard ému qui hurle dans le néant.
On est tous victimes.
On est tous témoins.
On est tous coupables.